Breve è la Vita Nostra

Le programme Breve è la vita nostra retrace le voyage imaginaire de trois femmes entre Rome et Paris, suivant l’itinéraire initiatique traditionnel des artistes français de l’époque (notamment des peintres et des sculpteurs tels que Nicolas Poussin, Thomas Blanchet ou François Girardon) qui se rendaient à Rome pour s’y imprégner de l’art des maîtres italiens. Pour ce qui est de l’art de la Musique, la réputation de ce voyage décline au milieu du XVIIème siècle en raison de la volonté de Louis XIV d’instaurer un style typiquement français : au vu de son rayonnement européen, qui se reflète dans les pages de Purcell en Angleterre où dans celles de Bach en Allemagne, on peut estimer cette entreprise couronnée de succès…
La petite anecdote veut que celui à qui l’on fait porter le titre « d’inventeur de la musique française » est en réalité d’origine italienne : Giovanni Battista Lulli, né à Florence en 1632, arrivé en France à 14 ans sous le protectorat de Roger de Lorraine, Chevalier de Guise, est rapidement repéré par Louis XVI pour ses talents de compositeur. Il est naturalisé français en 1661 sous le nom de Jean-Baptiste Lully. Il révolutionne et impose le style français, créant et modifiant à sa guise ouvertures, suites de danse et de ballet, opéras ; ses méthodes se transmettent dans l’Europe entière grâce à ses nombreux disciples (Georg Muffat, Jean-Féry Rebel, Theobaldo di Gatti, Johann-Sigismund Kusser, Ferdinand Fischer). Le comble de l’histoire est que le compositeur que l’on a retenu comme étant « l’adversaire italien de Lully » est en fait un français, Marc-Antoine Charpentier, qui accomplit le fameux voyage de Rome dans les années 1650 et étudia auprès de Domenico Mazzochi et de Giacomo Carissimi, « le plus grand maître de musique que nous ayons eu depuis longtemps »1.
Si l’on en croit cependant Jérôme de La Gorce, musicologue français contemporain, le réel concurrent italien et ennemi personnel de Lully n’était pas Marc-Antoine Charpentier mais Paolo Lorenzani², compositeur méconnu de nos jours, présent à Paris entre 1678 et 1694, et qui fut néanmoins très apprécié de Louis XIV, comme le laisse supposer sa nomination comme maître de musique de l’église Sainte-Anne-La-Royale. La musique qui nous est parvenue est un sublime mélange entre les visions française et italienne de l’harmonie, des couleurs et du sens du discours.

Nous voici donc partis pour un voyage musical auprès de trois chanteuses soutenues par la basse continue, entre la Rome de G. Carissimi et D. Mazzocchi, où nous n’avons retrouvé pour cette formation que de la musique profane en langue séculaire, et le Paris de M-A. Charpentier et P. Lorenzani, où nous n’avons retrouvé au contraire que de la musique sacrée en latin, nous laissant imaginer que le rôle des voix de femme étaient bien différent en Italie et en France.

1. Mercure galant, mars 1688 p. 321
2. Jérôme de la Gorce Jean-Baptiste Lully, Paris, Fayard, 2002

Programme :

Domenico Mazzocchi (1592 – 1665)
Breve è la Vita Nostra

Giacomo Carissimi (1605 – 1674)
Ahi che non è bastante
Il Ciarlatano
Siam tre miseri piagenti


Paolo Lorenzani (1640-1713)
O quam suavis est

Jean-Baptiste Lully (1632 -1687)
O Dulcissime Domine

Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1707)
Salve Regina h.18
Magnificat h.75
Flores o Galia h.342
Domine Salvum h.299

Teaser :
Agenda :

Du 24 au 30 juillet 2023 à la Cité de la Voix (Vezelay)